Au-delà de Salomon Kalonda, l’autre message “subliminal” passé à l’Opposition !

  • Moïse Katumbi a le devoir de relever le défi vieux des années 1960 consistant à doter l’Opposition d’un règlement intérieur et d’un porte-parole…

Le 15 septembre 2024, à l’ouverture de la session parlementaire ordinaire courant jusqu’au 15 décembre prochain, Dominique Munongo sera la seule parlementaire de l’Opposition face à ses 13 collègues dont 6 du Bureau de l’Assemblée nationale et 7 du Bureau du Sénat. Pour cette législature, ils auraient pu être deux : Salomon Kalonda pour la chambre haute et elle pour la chambre basse. Malheureusement, c’est raté puisque le Sénat – chambre des Sages – a refilé le poste de rapporteur adjoint à un néo-opposant en la personne de Jean-Claude Baende, jusque-là connu comme membre de Dypro (plateforme présidée par Constant Mutamba, ci-devant ministre d’Etat en charge de la Justice et Garde des Sceaux). Il se raconte que chassé auparavant de Dypro, l’ancien gouverneur de l’Equateur a rejoint Fifi Masuka Saini, gouverneure Usn du Lualaba. Bref, Baende appartiendrait à la famille du Président de la République…

DE QUELLE VOIX PARLE-T-IL ? ET DE QUELLE OPPOSITION S’AGIT-IL ?

Certes, la veille de l’élection des membres du Bureau du Sénat le lundi 11 août 2024, tous les indices donnaient vainqueur Salomon Kalonda, sénateur du Haut-Katanga, très proche de Moïse Katumbi.
Mais, les observateurs avertis ont sentir le coup de la défaite venir dès l’instant où le Chef de l’État, réagissant à une question au cours de l’interview à Lusakweno et Amba Wetshy 5 jours plutôt, a qualifié de borderline l’attitude de Moïse Katumbi.
Bon perdant, Salomon Kalonda a fait bon coeur contre mauvaise fortune. “Ils ont fait un choix courageux, conforme à l’esprit de la Loi et de notre Constitution. Un choix qui honore notre démocratie. Dans un esprit républicain, je souhaite bonne chance au nouveau Bureau présidé par Sama Lukonde. J’ai espoir que les décisions prises répondront aux attentes de la population”, a-t-il déclaré avant d’ajouter : “Nous continuerons de porter au Sénat la voix de l’opposition dans laquelle beaucoup de Congolais se retrouvent”
La voix de l’Opposition ? De quelle voix parle-t-il, et de quelle Opposition s’agit-il ?

LES EMPOIGNADES VONT RECOMMENCER ET LES CHOSES SE COMPLIQUER…

Car, avant qu’il y a une Opposition en République démocratique du Congo, elle doit commencer par exister formellement et légalement.
Certes, au-delà des faits, les résultats électoraux de décembre 2023 ont tranché en mettant d’un côté la Majorité (vainqueurs) et, de l’autre côté, l’Opposition (vaincus).
La première n’a pas besoin d’un statut spécifique. Elle gère la République et répond de la politique de la Nation, selon les termes de l’article 91 de la Constitution.
La seconde a, elle, besoin d’un statut spécifique : c’est la loi n°007/008 du 4 décembre 2007 portant statut de l’Opposition en RDC.
En 2020, à l’issue de la Consultation présidentielle à l’origine de la création de l’Union sacrée de la nation, le Président Félix Tshisekedi avait pris l’engagement d’en favoriser la formalisation. Le premier mandat s’est achevé sans qu’il n’y ait eu règlement intérieur ni désignation du porte-parole.
La première année du second mandat a, dans la session parlementaire ordinaire de septembre-décembre 2024, la première occasion de passer de la parole à l’acte.
Maintenant que les deux bureaux du Parlement affichent complet, plus rien – normalement – n’empêche l’Opposition de fonctionner conformément à son statut.
Malheureusement, c’est là que les empoignades vont recommencer et les choses se compliquer.

L’OPPOSITION FONCTIONNE MAL

En effet, la famille politique de Joseph Kabila n’étant pas partie prenante, il reste sur le terrain les familles politiques de Moïse Katumbi (Ensemble), de Martin Fayulu et d’Adolphe Muzito, celles d’Augustin Matata et de Delly Sessanga ne comptant pas puisque ces deux présidentiables s’étaient désistés en faveur de l’ancien gouverneur du Katanga.
Or, les tentatives d’Ensemble d’engager au cours du premier semestre 2024 des négociations politiques avec Fayulu et Muzito ont été contestées par ces derniers.
Après les “points” distribués par le Chef de l’Etat dans son interview du 6 août passé, Adolphe Muzito – félicité pour son fair-play – pourrait tenter sa chance de prendre le poste de porte-parole de l’Opposition, aidé en cela par l’Usn, sauf promesse de rejoindre Judith Swaminua Tuluka 2.
Martin Fayulu, lui, restera dans la contestation. Surtout après sa participation au congrès d’investiture de Kamala Harris.
Moïse Katumbi ne risque pas de se voir ou de se faire doubler pour le poste de porte-parole dès lors qu’il détient la majorité absolue en termes d’électorat constitué de députés et de sénateurs de l’Opposition. Les siens. Il part gagnant ou faire gagner toute candidature qu’il aura parrainée.
Cependant, la contestation va sans doute provenir du camp de l’Opposition contrainte de faire le choix entre, d’un côté, se doter de son statut et, de l’autre, se faire élire porte-parole.
Le choix adulte, le choix responsable est, à notre humble avis, le premier. Entendez : légaliser le fonctionnement de l’Opposition en RDC. C’est, en soi, une première depuis les années 1960.
Pour rappel :
-de 1960 à 1965, le pays a fonctionné avec une Opposition sans statut ni porte-parole ;
-de 1965 à 1990, le pays a fonctionné sans Opposition formelle ;
-de 1990 à 1997, le pays a fonctionné avec une Opposition autoproclamée ;
-de 1997 à 2007, le pays l’Opposition a fonctionné avec une Opposition d’abord autoproclamée, ensuite issue des urnes (élections de 2006 et 2007) sans toutefois une base légale, et
-de 2007 à ce jour, le pays fonctionne avec une Opposition issue certes des unes, mais sans règlement intérieur ni porte-parole.
En conclusion, des années 1960 aux années 2920, soit 60 ans presque, l’Opposition ne fonctionne pas normalement !

A L’IMAGE D’UN PARTI ÉTAT !

Tout acteur politique qui met les bases du fonctionnement normal de l’Opposition a droit à la reconnaissance de la Nation.
Dans la configuration actuelle des institutions de la République, Moïse Katumbi, en sa qualité de président et de leader du parti et de la plateforme “Ensemble”, a cette obligation.
Il est établi qu’aucune démocratie au monde n’est valable avec une Majorité sans Opposition, l’inverse ne se concevant pas.
Cette démocratie-là n’est même pas comparable à une bicyclette ayant besoin de deux roues pour fonctionner.
Elle a tout d’un monocycle. A l’image d’un Parti-État.
Ne peut y trouver son compte que celui ou celle qui en porte l’ADN !

Omer Nsongo die Lema
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