De l’Université de Lubumbashi en 1990 à la prison de Makala en 2024 : l’autre Opération Lititi Mboka en 34 ans d’écart !

  • Coup dur pour l’ex-Opposition et sa Société civile sérieusement ébranlées, coup dur aussi pour le régime Udps/Usn avec une communication catastrophique parlant de tentative d’évasion comme s’il n’y a pas eu évasion ! Conséquence : il est contraint de fournir des chiffres exacts et non approximatifs…

Apparemment, pour ne pas dire manifestement, acteurs politiques, défenseurs des droits de l’homme (dont les libertés fondamentales énoncées dans la Déclaration Universelle consacrée à cet effet et reprises dans la Constitution de la RDC aux articles 11 à 66), religieux et professionnels des médias ont choisi de faire profil bas ! Tous ont perdu l’entregent avec lequel ils dénonçaient autrefois les dérapages mis sur le compte des régimes combattus l’ex-Opposition politique. Ils justifiaient et relayaient les sanctions prises généralement par les Occidentaux à l’encontre des officiels congolais. Visiblement, ils ont avalé leur langue depuis le 24 janvier 2019 !

ATTEINT OU NON, LE RÉSULTAT EST EFFARANT

La vérité et la réalité sont pour une fois d’accord : depuis l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, tous sont comme de moins en moins “vigilants”, de moins en moins exigeants en matière des valeurs de la société démocratique dont ils se faisaient les chantres sous les concepts “”Droits de l’homme, Démocratie et État de Droit””.
Eux qui voyaient partout des actes de répression des manifestations publiques, de détournement des deniers publics, de corruption, de tribalisme, d’atteinte à des libertés d’opinion, de réunion, de presse etc. semblent ne plus avoir la vélocité, ni la mordacité qui les caractérisaient.
Ne vendant pas leur production (rapports sur les violations des libertés fondamentales), et ne pouvant bénéficier du soutien financier du Pouvoir qu’ils combattaient, ils étaient totalement pris en charge par des parrains étrangers dans le cadre bilatéral et internationaux dans le cadre multilatéral, les uns connus du grand public, les autres non.
C’est vrai qu’à l’époque, la majorité de ces acteurs misait sur Etienne Tshisekedi ; ils croyaient dans son combat.
A la mort de ce dernier le 1er février 2017, ils s’attendaient à tout, sauf à l’avènement de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême.
A la proclamation de la victoire de ce candidat à la présidentielle de 2018, leur capacité d’adaptation n’a pas été spontanée, si bien qu’en cherchant à rattraper le train en marche, ils se sont mis hors-jeu.
En plus, les parrains ont probablement réduit leur soutien pour l’une des deux choses ci-après : soit ils ont réalisé leur objectif, soit ils l’ont raté.
Dans les deux cas, l’histoire va devoir retenir que des compatriotes se sont consciemment ou inconsciemment fait instrumentaliser contre leur pays en croyant (peut-être de bonne foi) lutter contre la dictature pendant qu’en réalité, ils auront lutté pour la fragilisation de l’Etat, du Peuple et de la Nation.
Atteint ou non, le résultat est effarant : la RDC est terriblement affaiblie à un niveau jamais atteint au cours de ces 35 dernières années, c’est-à-dire depuis le discours du 24 avril 1990.

LES CHIFFRES À ALIGNER SONT SIMPLES À ÉTALER

La preuve est la gestion catastrophique de ce qu’on appelle dès évènements survenus au Cprk (prison de Makala) la nuit du dimanche 1er au lundi 2 septembre 2024.
Le Gouvernement a opté pour l’expression «tentative d’évasion», autrement dit «évasion manquée».
Dès lors qu’il n’y a pas eu évasion, les chiffres à aligner sont simples à étaler : on connaît les effectifs enregistrés le dimanche 1er septembre à la fermeture des portes des pavillons de la prison et on connaît les effectifs enregistrés le lundi 2 septembre après la nuit folle. En soustrayant les blessés envoyés dans des formations médicales et les morts acheminés dans les morgues, on a le chiffre exact des pensionnés présents dans les pavillons.
Si ce chiffre est inférieur ou supérieur avec une seule unité, c’est qu’il n’y a plus tentative d’évasion. Il y a évasion avérée.
Bien entendu, on s’en remet à la commission mise sur pied par le Président de la République Félix Tshisekedi lors du conseil des ministres extraordinaire du lundi 9 septembre dernier.

LES CONGOLAIS EN ONT BAVÉ

Ironie du sort : la nuit du 10 au 11 mai 1990, soit deux semaines à peine après le discours du maréchal Mobutu annonçant la fin du Mpr Parti-Etat, renvoie à celle du 1er au 2 septembre 2024 avec un écart de 34 ans.
Ce jour-là, le Zaïre se réveilla du mauvais pied avec le scoop d’une expédition armée menée par la Division spéciale présidentielle (DSP) sur le campus de l’université de Lubumbashi. C’est fut la fameuse «Opération Lititi Mboka» inspirée du «Syndrome de Timisoara» survenu en Roumanie avec en 1989, événement qualifié de “désinformation du siècle”.
Ce fut le début de l’entrée en lice du concept «Droits de l’homme» dans la terminologie politique kinoise. Acteurs politiques, religieux, activistes des droits de l’homme, journalistes ligués en Opposition vont se comporter en ogres, traquant le maréchal et les siens. On aboutit même à la suspension de la coopération structurelle. Les établissements et entreprises du portefeuille congolais virent les programmes financés par les partenaires bilatéraux et multilatéraux bloqués.
Pourtant, à l’issue des enquêtes sérieuses, il s’avéra qu’il n’y avait eu qu’un mort, et même pas du fait de la garde prétorienne de Mobutu mais des étudiants eux-mêmes.
On peut, du reste, attribuer à ce faux massacre toutes les épreuves subies par les Congolais de 1990 à ce jour avec comme étapes-clés les pillages de 1991 et 1993, les Accords du Palais de Marbre 1 et 2, la Conférence nationale souveraine, le Conclave politique de Kinshasa, les Négociations de l’Hôtel Intercontinental, la guerre de l’Afdl et ses «petits», le Dialogue intercongolais et ses « petits » etc.
Les Congolais en ont bavé.
Vérité historique à retenir : un certain Louis Koyagialo, gouverneur du Shaba (Katanga), fit la prison pour rien. Plusieurs compatriotes sont les uns morts, les autres forcés à l’exil, les autres encore réduits au chômage, couverts d’opprobre pour un crime n’ayant existé que dans la tête de l’ex-Opposition et de sa Société civile…

VÉRITABLE RETOUR DE MANIVELLE

Que s’est-il passé, cette fois à Kinshasa, la nuit du 1er au 2 septembre 2024 ?
Il se constate simplement que les canaux de l’ex-Opposition et Cie font le choix de se taire. C’est comme si, s’étant passé le mot, ils obéissent à une consigne.
Choix contreproductif dans la mesure où les forces politiques et sociales affectées autrefois par les prises de position de ces mêmes canaux réclament traitement équitable pour ne pas dire vengeance.
Fait déjà insolite : même les «parrains» sont de moins en moins incisifs. Ils semblent ne pas vouloir accompagner les canaux pro-régime Tshisekedi. Ceux qui tentent de s’exprimer sur le sujet s’y prennent avec tellement de maladresse que leur communication fait flop.
Au demeurant, pour la première fois, Félix Tshisekedi a dénoncé l’individualisme des membres de son Gouvernement et en a déploré les effets. «L’individualisme n’est pas un atout ; au contraire, nous payons tous le prix des dérapages populistes individuels. Cet état des choses est inacceptable et ne devrait plus se répéter en matière de gestion de crises», a-t-il prévenu.
A dire vrai, on assiste à un véritable retour de manivelle avec cette différence importante qu’à Lubumbashi, une fausse expédition armée fortement médiatisée pour besoin de la Cause s’était soldée par un mort (et le pays continue d’en faire les frais).
Or, à Kinshasa, une «tentative d’évasion” ne permet toujours pas aux autorités, une dizaine de jours après, de savoir livrer les chiffres exacts sur les effectifs réels des prisonniers présents sur le site le dimanche 1er et le lundi 2 septembre 2024. C’est-à-dire déterminer ceux qui, éventuellement, se sont fait la malle dès lors que selon les officiels, il n’y en a eu aucun !
De quoi comprendre l’embarras de l’ex-Opposition et de sa Société civile rattrapées par l’autre “main noire” appelée simplement… Histoire !

Omer Nsongo die Lema
@omernsongo
E-mail : omernsongo2@gmail.com
Facebook : Omer Nsongo
WhatsApp : +243993833277
Lien : www.congo30juin.org

Laisse un commentaire